La COP 16 Biodiversité : quelle paix avec la nature ?

Bilan de la Conférence des parties à la Convention de l’ONU sur la Biodiversité qui s'est achevée le 2 novembre en Colombie.

La COP 16 Biodiversité a obtenu des résultats en demi-teinte

On note du côté positif :

  • la reconnaissance du rôle spécifique des peuples autochtones dans la connaissance et la préservation de la biodiversité ;
  • la mise en place d’un nouveau fonds multilatéral dit « Fonds Cali » pour récolter les contributions financières des entreprises exploitant le génome numérisé des organismes vivants ;

 

et du côté négatif :

  • la non-atteinte des objectifs de rédaction de cibles nationales de protection de la biodiversité et de plans d’action (119 cibles proposées sur 196 signataires, dont seulement 30 à 50% alignées avec les objectifs mondiaux, 44 plans déposés) ;
  • l’absence d’accord sur les mécanismes de l’aide des États riches à la protection de l’environnement dans les pays en développement, sur fond de manque de confiance patent entre le Nord et le Sud ;
  • le caractère non-contraignant pour les entreprises de l’abondement du Fonds Cali.

 

On ne peut malheureusement pas s’attendre, malgré l’urgence, à ce que chaque COP produise des avancées significatives dans tous les domaines. Il faut donc se réjouir de ce qui a déjà été fait, amplifier tout ce qui peut contribuer à renforcer la confiance entre les pays, et continuer à soutenir les acteurs qui poursuivent ce travail.

Qu’est-ce que ces accords disent du rapport de l’humain à la nature ?

 

La presse, les ONG et les pouvoirs publics se réjouissent des avancées obtenues sur la question des ressources génétiques. Néanmoins, cet accord n’est-il pas finalement la poursuite sous une autre forme d’une vision des vivants non humains comme propriété des humains ? Depuis le protocole de Nagoya, le patrimoine génétique du vivant est considéré comme appartenant à ceux qui habitent sur le même territoire que ces vivants (une sorte de droit du sol sur la nature), plutôt qu’à ceux qui l’ont repéré et exploité (une sorte de droit de la sueur et/ou de l’investissement financier), mais il y a toujours un groupe humain qui se sent propriétaire de cette nature, jusqu’à ses gènes.

Si la protection d’une forme de propriété se justifie plus facilement lorsqu’il s’agit des savoir-faire ancestraux des communautés locales, que les traités internationaux ont réuni à la cause du patrimoine génétique, cette vision-là des rapports des humains aux autres vivants pourrait être questionnée, surtout sous la bannière retenue pour cette COP : « Faire la paix avec la nature ».

Les chrétiens sont encouragés à regarder plutôt la création comme appartenant à Dieu, et les humains comme gérants ou même plutôt serviteurs de cette création que comme propriétaires pouvant en disposer à leur guise.

 

Toutefois, il faut reconnaître que cette approche permet d’aller vers une meilleure répartition des richesses dans le monde, et qu’elle a au moins cette vertu pratique. Par conséquent, en tant que citoyens, et comme collectifs au sein de nos communautés ecclésiales, nous pouvons maintenant interpeller les entreprises concernées par le Fonds Cali pour leur demander si elles y contribuent et à quelle hauteur (l’objectif cible est de 1% de leurs bénéfices), et favoriser par nos choix d’achats celles qui vont y contribuer. Ce sera une utilisation vertueuse de notre fameux « pouvoir » d’achat.

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