Pour la COP 29 un accord à minima

L’ONU espérait pouvoir collecter 1 000 milliards $ par an pour les pays en développement ; les financeurs ont signé pour 300 milliards.

 

Les coûts pour les pays en développement de l’adaptation aux changements climatiques, de la transition énergétique et de la restauration du capital naturel sont estimés par l’ONU à 2 400 milliards $. Ces pays vont prendre en charge eux-mêmes plus de 1 000 milliards ; il reste ainsi 1 000 à 1 300 milliards, par an, de financements extérieurs nécessaires.

 

Ces montants permettent de prendre conscience des enjeux financiers des changements climatiques. Il faut les comparer aux 7 000 milliards annuels de subventions aux énergies fossiles, ou aux 4 000 milliards d’augmentation des profits des industries fossiles en 2022.

 

« Seulement » 300 milliards ?

Pour autant, on n’est arrivé à se mettre d’accord « que » sur 300 milliards d’aides. De nombreuses questions se posent. Qui doit payer ? A ce jour, les 23 pays les plus développés lors de l’accord de Copenhague ; mais depuis 15 ans, la Chine ou les pays du Golfe, par exemple, se sont significativement enrichis. On débat aussi du mode d’apport des financements : taxes, « crédits carbone » (sur lesquels on progresse), prêts (70% de la finance climatique) ou dons, il faut combiner de manière équitable et, surtout, efficace.

chaque geste compte

Certaines postures compliquent les choses. La Chine, gros émetteur, refuse de devenir contributeur obligatoire ; l’Arabie saoudite s’oppose au suivi de la sortie des énergies fossiles. Les 45 pays les moins avancés voulaient se réserver la totalité des aides. Et puis le dictat de la « punchline » conduit à des caricatures. Une ONG a déclaré : « Un non accord vaut mieux qu’un mauvais accord ». Pourtant pour le climat, chaque geste compte. 300 milliards par an ce n’est pas « dérisoire », pour reprendre le mot d’un politique d’un pays émergent, aujourd’hui au 5e rang des économies mondiales mais non membre de la liste des 23…

 

Mais ce compromis est la preuve encourageante que, malgré de très fortes tensions internationales, le dialogue multilatéral continue. Les difficultés des négociations montrent qu’on a enfin dépassé les déclarations d’intention pour parler des changements sérieux.

Le sermon au pied des montagnes d’Azerbaïdjan et la multiplication des milliards

On reste néanmoins loin des besoins. Pour les atteindre on espère que ces aides d’État se multiplient, par effet de levier sur des financements privés. L’idée n’est pas si bête ! On a déjà vu ça avec 5 pains d’orge et 2 poissons… Ces ressources privées viendront notamment d’entreprises et de fondations. Comme à la COP 16 Biodiversité, une partie de la solution va donc passer par nos choix d’achat, d’investissement, mais aussi de dons. La France est dans le top 5 mondial des pays les plus généreux pour les grandes causes[1], et la cause préférée des français est la protection de l’enfance[2]. Or la justice climatique est un enjeu majeur de protection des générations à venir.

 

Parmi les regrets que laissera quand même cette COP, il y a l’absence de convergence des agendas entre les questions de climat, de biodiversité et de désertification. Les Eglises ont là un rôle à jouer : présentes aux COP, représentées de façon permanente à l’ONU par le COE, elles peuvent travailler à appuyer cette idée d’ici la prochaine COP, au Brésil.

 

[1] Étude de 2022 commanditée par Amnesty International et l’Unicef

[2] Enquête Ifop pour France Générosités

 

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